4.1. Etude chronologique : de 1884 à nos jours
Ce livre généalogique réunit les deux espèces utilisées pour la production fructueuse de mules : les chevaux de trait poitevins et les baudets du Poitou. Sa création avait pour objectif de structurer et encourager la production mulassière. Il s'agit du premier stud-book pour l'espèce asine. Resté le seul pendant plus d'un siècle, le baudet du Poitou est la plus vieille race d'âne du monde.
Le développement du machinisme et la disparition des débouchés de la filière (vente de mules et de reproducteurs asins) ont conduit à la diminution régulière de la population de baudets du Poitou au cours du XXème siècle. En 1977, A. AUDIOT, élève ingénieur à l'ESA de Purpan tire la sonnette d'alarme : il ne reste plus que 44 animaux (20 mâles et 24 femelles) répartis dans 8 élevages du berceau de race.
Ce mémoire a permis de prendre conscience de la prochaine disparition d'une des plus prestigieuse de nos races domestiques si aucune action n'était entreprise. Une intervention s'imposait à plusieurs points de vue :
- Intervenir pour être capable demain de faire face à des besoins non encore identifiés : intérêt scientifique,
- Intervenir pour préserver les moyens d'un développement diversifiés : intérêt écologique,
- Intervenir pour un patrimoine naturel : intérêt moral.
L'Administration des Haras et le Parc Naturel Régional du Marais Poitevin sensibilisés par ces problèmes créèrent, en 1980, l'Asinerie Nationale à Dampierre sur Boutonne (Charente-Maritime), dans des bâtiments appartenant à la dernière descendante d'une lignée d'éleveurs : Mlle AUGER. Le Parc Régional est propriétaire du troupeau, préside le conseil technique et scientifique de l'Asinerie et s'occupe du patrimoine culturel autour de l'élevage afin de sensibiliser le public aux aspects historiques et aux travaux de sauvegarde. Le Haras National de Saintes assure la conduite du troupeau (alimentation, parage, saillies…) avec deux gardes.
La création de ce site entrait dans le cadre d'un projet de croisement continu d'absorption. Ce brassage de gènes évite toute dilution, pollution ou perte du patrimoine génétique tout en augmentant à terme les effectifs en race pure. Douze ânesses portugaises furent importées en France pour servir de souche de départ au croisement. Cette race présentait l'avantage d'avoir une taille se rapprochant de celle du baudet du Poitou. Le principe de ce programme consiste à croiser ces ânesses étrangères avec des baudets. Les femelles F1 issues de ce croisement sont à leur tour saillies par des baudets du Poitou, et ainsi de suite.
Au fil des générations, les caractères des ânes de Poitou vont se concentrer. Un baudet croisé pourra être considéré comme pur lorsqu'il sera de la génération F7. Le travail est de longue haleine comme le montre le tableau 5 ci-dessous :
ANNEES |
GENERATION |
PROPORTION DE SANG POITEVIN |
POURCENTAGE DE SANG POITEVIN |
1982 |
F0 |
Entre 0 et 1/2 |
Commune |
1983 |
F1 |
1/2 |
50% |
1987 |
|||
1987 |
F2 |
3/4 |
75% |
1995 |
|||
1991 |
F3 |
7/8 |
87,5% |
2003 |
|||
1995 |
F4 |
15/16 |
93,75% |
2011 |
|||
1999 |
F5 |
31/32 |
96,88% |
2019 |
|||
2003 |
F6 |
63/64 |
98,44% |
2026 |
|||
2007 |
F7 (race pure) |
127/128 |
99,22% |
2035 |
Les deux années qui apparaissent pour chaque génération à la gauche du tableau indiquent les vitesses d'avancement du protocole :
1- La vitesse théorique, en sachant que les ânesses sont mises à la reproduction à 3 ans et mettent bas un an après,
2- La vitesse probable (en italique). Il est ici tenu compte qu'une ânesse poitevine fait naître en moyenne une femelle tous les 4 ans (femelle vide, avortement, mortinatalité et sex-ratio).
L'an 2000 a vu naître, chez un éleveur du berceau de race, Marquise, la première petite ânesse de la génération F5. Les premiers fedons F7 devraient naître d'ici 10 à 30 ans.
Les ânesses croisées sont inscrites au stud-book dans le livre B.
Les mâles croisés sont également inscrits mais n'ont aucun intérêt dans le croisement continu d'absorption. En effet, en faisant saillir une femelle B par un baudet lui aussi croisé, les caractères portugais risqueraient de réapparaître et ferait perdre de précieuses années au programme entrepris. On peut cependant utiliser ces mâles pour la production mulassière. Tout en apportant " du gros " à leur produit, ces baudets sont plus facilement utilisables pour l'hybridation étant donné qu'ils ne saillissent que des juments.
Des erreurs ont été commises en 1995, lorsque le stud-book a autorisé la montée au livre A d'ânesses de 3ème génération (87,5%). Une étude de Benoît BITEAU, chargé de mission en conservation génétique au Parc Interrégional du Marais Poitevin, montre le danger de cette pratique. En effet, un mâle issu d'une ânesse F3 inscrite en A (donc F4) conduirait à obtenir :
Il est donc important d'attendre la 7ème génération pour envisager cette procédure pour plusieurs raisons :
- La descendance obtenue chez des femelles F7 ne sera plus vecteur d'éventuelles pollutions génétiques,
- Même si des gènes étrangers sont encore présents en F8, leur probabilité d'apparition est très faible. De plus, le livre B étant à ce jour fermé, lorsque les premiers mâles F7 seront mis à la reproduction, les ânesses F0 et probablement les F1 auront disparues du protocole, atténuant encore les risques d'apparition de caractères étrangers,
- On peut constater que les bons résultats obtenus à ce jour sont les fruits d'un choix rigoureux des mâles tant au niveau phénotypique que génotypique.
La sauvegarde de la race nécessite une prise de conscience et une mobilisation de la part des professionnels et du public. Le Parc Naturel Régional joue un rôle important dans le domaine de la communication. Ainsi, il publie en 1987, une plaquette écrite par M. A. PHILIPPE intitulée " Sauvegarder le baudet du Poitou… ", plaquette qui a su sensibiliser ses lecteurs.
Cette association a été créée sur l'initiative de M. FOUCHIER, secrétaire général au Ministère de l'Agriculture et de la Pêche. Elle regroupe de nombreux scientifiques, en majorité vétérinaires et ingénieurs agronomes. Ses objectifs sont :
Les connaissances scientifiques sur cette race étant peu nombreuses, les problèmes abordés présentent une grande variété : anatomie, biologie, génétique, alimentation, pathologie, reproduction...
C'est notamment cette association qui a lancé l'idée de l'insémination artificielle et d'une manière générale, de l'utilisation de la reproduction médicalement assistée, chez le baudet du Poitou. Ces recherches n'avaient encore jamais été réalisées sur l'espèce asine.
Le Parc Naturel Régional, conformément à sa vocation de communication, met en place à l'Asinerie une exposition retraçant l'histoire du baudet et de la mulasserie. Le public peut en outre visiter les bâtiments et observer les animaux. La Maison du Baudet du Poitou accueille environ 12 000 visiteurs par an.
De plus, elle sert de station de monte et reçoit une soixantaine d'éleveurs chaque année.
Melle AUGER, propriétaire du cheptel le plus important en quantité et en qualité, décède en 1989. Les héritiers ne souhaitant pas garder les animaux, l'ensemble des ânes furent à vendre. Afin d'éviter la dispersion de ce capital génétique par des acquéreurs étrangers, les Haras Nationaux, le Parc et surtout la SABAUD (aidée par la MACIF Assurances) rachetèrent le troupeau.
Les effectifs des ânes du Poitou étant limités et la demande se faisant de plus en plus importante, les prix des animaux atteignent des sommes très élevées. Sans aller jusqu'à dire comme autrefois que deux baudets valent une ferme entière, bâtiments et terres compris, un jeune de 8 mois est vendu en moyenne 35 000 francs. " Dans cette conjoncture (…), il est à signaler l'arrivée en 1972 d'un nouvel éleveur de baudet du Poitou, jeune officier des Haras de surcroît, qui permit de sauver plusieurs animaux. Cette présence aurait dû être un atout pour la sauvegarde de la race au sein des Haras Nationaux, administration dont l'intérêt pour l'espèce asine est chose relativement récente. Force est de constater que la position stratégique de cet élevage s'est révélée avoir des effets plutôt négatifs en raison de pratiques très personnelles en matière de reproduction, de suivi du stud-book et par l'exportation d'animaux en dehors du berceau de la race " (M. A. PHILIPPE, 1995). Afin de contrecarrer ces procédés et avec l'aide des vétérinaires anglais du Donkey Sanctuary, un système infalsifiable fut mis au point. Pour empêcher toute tentation de tromperie, et pour assurer à l'acheteur non-initié une certaine garantie, une puce électronique est injectée du côté gauche de l'encolure, dès la naissance de l'ânon lorsqu'il est sous sa mère. Elle peut être ensuite lue à l'aide d'un appareil spécifique (voir photo 12), afin d'identifier l'animal de manière incontestable.
A partir de 1993, la pose de la puce est obligatoire pour l'inscription d'un animal au stud-book.
La maîtrise de la technique de l'insémination artificielle en semence congelée est indispensable dès que l'on cherche à préserver un capital génétique menacé. Elle présente deux avantages majeurs :
- Un individu peut être utiliser en différant dans le temps le moment de la récolte et celui de l'utilisation de la semence (même après sa mort si la législation le permet) et de garder ainsi un patrimoine génétique,
- L'obstacle dû aux distances séparant les reproducteurs disparaît. Les échanges de semences peuvent se faire en France et à l'étranger afin de varier les origines, limiter la consanguinité et faire reproduire toutes les ânesses, même celles isolées, sans reproducteur à proximité.
Des études préliminaires ont permis de juger de la qualité de la semence du baudet. Les observations réalisées entre 1989 et 1994 ont établi les moyennes suivantes :
En conclusion, la concentration est élevée par rapport à celle du cheval, le nombre total de spermatozoïdes par éjaculat est satisfaisant et la mobilité est bonne.
La phase de congélation de la semence est une étape délicate durant laquelle il faut tâcher de ne pas détruire les spermatozoïdes. Ainsi, il est important de définir clairement toutes les étapes du protocole et le matériel utilisé.
- Le dilueur sert à limiter l'effet nocif du plasma séminal,
- Le cryoprotecteur modifie la sensibilité des spermatozoïdes au froid. Le glycérol est souvent utilisé. Il est cependant toxique à forte concentration. Il convient donc de déterminer le taux optimal de glycérol à apporter,
- Les jaunes d'œufs constituent une source énergétique indispensable pour les spermatozoïdes,
- La vitesse de congélation ne doit pas être trop lente sous risque de cristallisation et de destruction des cellules,
- La vitesse de décongélation doit être adaptée pour la même raison que ci-dessus.
A la fin des années quatre-vingt, il a été établi à l'Université de Caen que la semence de baudet réagit, d'une manière générale, différemment de celle de l'étalon.
L'Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes (ENVN) a mis en place, au bout de trois ans de recherche, un protocole de congélation spécifique à cette espèce d'équidés. L'étude du sperme après décongélation montre qu'il est de très bonne qualité. Cependant les taux de réussite après insémination chez les ânesses demeurent insuffisants (<30%).
En 1999, il a été fait appel à l'INRA. Le protocole de l'ENVN a progressivement été abandonné pour revenir à celui utilisé pour les chevaux de trait. Les conclusions ne sont pas plus satisfaisantes : avec 12% de réussite en 1999 et 0% en 2000, les études ne peuvent s'en tenir là.
Méthode ENVN |
Méthode INRA/Haras |
|
Dilueur | INRA82 - Hepes |
INRA82 - Hepes |
Centrifugation | Pas de centrifugation |
600 g pendant 10 min |
Cryoprotecteur | Glycérol 4% |
Glycérol 2,5% |
Source d'énergie | Jaunes d'œufs de caille |
Jaunes d'œufs de poule |
Vitesse de congélation | -0,5°C/min jusqu'à 4°C puis -60°C/min jusqu'à -140°C |
-0,25°C/min jusqu'à 4°C puis -60°C/min jusqu'à -140°C |
Vitesse de décongélation | A 37°C pendant 30 s |
A 35°C |
Volume inséminé (1 paillette = 0,5 mL) |
20 paillettes |
16 paillettes en 99 8 paillettes en 2000 |
Remarques | Apport de L-glutamine pour améliorer la résistance au froid. |
Apport de L-glutamine en 99 seulement. |
Résultats | 4 naissances 28,6% de réussite |
12% en 1999 0% en 2000 |
L'échec n'est pas total puisqu'il s'avère que la méthode de congélation est convenable. D'ailleurs, l'insémination de juments par des paillettes de baudet fonctionne mieux : le taux de fertilité obtenu est de 54%. Si la semence décongelée est de bonne qualité, comment peuvent-être expliquées les difficultés rencontrées ? Est- ce dû à :
- Une intolérance de l'ânesse aux produits employés pour la congélation de la semence ou la décongélation qui entraînerait une réaction limitant la durée de vie des spermatozoïdes dans l'appareil reproducteur ? Il a été montré que celle-ci est, effectivement, très réduite dans l'ânesse,
- Une réaction du col de l'utérus au moment de la saillie (du type érection) qui ne se ferait pas pendant l'insémination artificielle ? Il faudrait mettre un échographe en place pendant la saillie pour juger de la pertinence de cette hypothèse,
- Une difficulté à la mise en place de la dose ? Le col utérin de l'ânesse est mou et tortueux. Les inséminateurs disent ne pas être sûrs de passer le col,
- Un écart de pression osmotique entre le dilueur et la semence entraînant une forte mortalité des spermatozoïdes ?
- …
Sans l'insémination artificielle en semence congelée, le fonctionnement d'un plan d'accouplement s'avère difficile, surtout lorsque les animaux sont très dispersés comme c'est le cas chez le baudet du Poitou. Pour l'instant donc, l'application sera obligatoirement limitée au berceau de race et éventuellement étendue au reste de la France.
Pour faire varier les origines dans les élevages étrangers ou même français, il est intéressant de procéder à des échanges de reproducteurs mâles. La législation réglementant les transports d'animaux vivants entre pays peut cependant constituer un obstacle. Par exemple, tout échange de baudets de plus de 8 mois avec les Etats-Unis s'avère impossible pour des problèmes de quarantaines qui reviennent très chers. Pour ce pays, la seule solution est donc d'importer des jeunes qui apporteront du sang nouveau dans leur cheptel.
En 1993, le conseil scientifique et technique de l'Asinerie a décidé de réaliser un inventaire exhaustif avec l'aide de tous les intervenants privés et publics, avec prise de mesures, marquage par puce électronique de chaque animal. Le recensement de la population en race pure des baudets du Poitou à travers l'Europe a été mis en œuvre par une commission du stud-book composée des représentants des Haras Nationaux, de la SABAUD, du syndicat des éleveurs et du Parc Naturel Régional. La commission est allée identifier chaque animal signalé de race d'origine, examinant ses papiers officiels, sa conformation au standard, prenant ses mesures, le photographiant et posant une puce électronique identifiant l'animal en présence de l'éleveur. L'intérêt de ce travail est de connaître les troupeaux étrangers, leurs qualités et leurs défauts. De plus, dans une race à effectif limité, il est important d'inscrire chaque animal qui peut apporter sa contribution à la sauvegarde.
A la suite de ce grand travail de recensement, un inventaire a été publié en 1994 par le Parc Naturel Régional où chaque animal est répertorié et décrit (mesures et photo).
Fin 1999, le CREGENE, conservatoire interrégional pour la sauvegarde des espèces menacées est créé par B. BITEAU, chargé de mission en conservation génétique au Parc Interrégional du Marais Poitevin. Ce conservatoire réunit les principales associations de la région œuvrant pour la sauvegarde d'une race, qu'elle soit animale (la race avicole de Marans, la chèvre poitevine, la maraîchine, le baudet du Poitou…) ou végétale (poires et pommes). Le CREGENE a été créé afin d'aider les associations et les particuliers à mieux connaître l'espèce à laquelle ils s'intéressent (mise en place de programmes de recherche…), inventorier et identifier, gérer les populations pour leur sauvegarde, promouvoir les races et variétés, développer et valoriser les filières. Les associations présentent leurs projets au conseil d'administration et le conseil scientifique en juge l'intérêt et la faisabilité. Des fonds publics sont repartis par la suite entre toutes les associations. La SABAUD et le syndicat des éleveurs mulassiers se voient ainsi soutenues financièrement et scientifiquement dans leurs actions de sauvegarde du cheval de trait poitevin et du baudet du Poitou.
Dans le même objectif que la pose des puces électroniques, un typage ADN est aujourd'hui demandé pour chaque inscription au livre A du stud-book. Il permet de contrôler les déclarations concernant les ascendants en comparant les typages ADN des parents avec celui du fedon. Les falsifications de papiers deviennent aujourd'hui impossibles. Ainsi, l'image du baudet du Poitou est quelque peu redorée et les acheteurs reprennent lentement confiance.
Cette UPRA remplace le syndicat des éleveurs mulassiers. Elle continue de gérer les deux races mulassières qui ont toutes les deux un schéma de sélection basé sur la sauvegarde et le développement pour une production mulassière adaptée aux besoins modernes de l'an 2000.
Ce voyage a été mis en place sur l'initiative de la SABAUD. Il s'agissait d'aller visiter tous les élevages américains de baudet dans plusieurs objectifs :
- Rencontrer les éleveurs, prendre contact avec eux et leur proposer de travailler en collaboration avec le stud-book français pour participer à la sauvegarde de l'espèce,
- Prendre des mesures et des photos de chaque âne (ANNEXE 1), noter toutes les remarques qui pouvaient être formulées afin d'avoir une appréciation la plus juste possible de la qualité des animaux Outre-Atlantique. Ayant une idée du type de baudets qui avaient été vendus aux américains au début des années 90 par un éleveur peu scrupuleux (dont nous avons déjà parler un peu plus haut), il s'agissait de réaliser l'étendu des dégâts,
- Mettre à jour les papiers administratifs : feuilles de signalement, nécessaires pour l'inscription des ânons, et carnets de saillies pour les baudets agréés à la monte publique.
Il en est ressorti l'existence de deux types d'élevages :
- Des élevages où la qualité des animaux est assez variable et qui se rapprochent plus ou moins du standard de la race, et où les conditions d'élevage ne sont pas toujours optimales. Cette activité est plutôt tournée vers la vente à un public aisé mais peu connaisseur,
- Des élevages conduits par des personnes extrêmement intéressées par ces animaux et qui leur offrent d'excellentes conditions d'élevage. On y trouve, en général, des baudets du Poitou correspondant bien au standard et qui peuvent participer grandement à la sauvegarde de la race.
Maintenant que les effectifs en race pure sont quelque peu remontés et que la population de femelles croisées commencent à prendre de l'ampleur, il convient de commencer à gérer la population d'un point de vue génétique afin de limiter les problèmes de consanguinité et diversifier les lignées. C'est l'objectif du travail présenté dans les paragraphes suivants.
4.2. Synthèse des actions menées
Après cette étude chronologique qui présente l'histoire de la sauvegarde du baudet du Poitou de 1977, année du message d'alerte, à nos jours, nous allons montrer que les actions menées interviennent sur plusieurs plans complémentaires.
A la suite du signal d'alarme tiré par A. AUDIOT dans son mémoire, il était important d'attirer l'attention du public et des professionnels sur ce problème, afin de générer une mobilisation collective. La communication s'est faite par plusieurs moyens :
- Par les médias, en particulier par la presse qui à partir des années 80 a écrit de nombreux articles concernant cette espèce menacée,
- Par l'édition de livres comme la plaquette du Parc Interrégional présentant le baudet du Poitou et son histoire, qui a su toucher un vaste public,
- Par l'ouverture d'un " musée ", la maison de l'âne du Poitou, retraçant l'histoire de la mulasserie et où les visiteurs peuvent se laisser attendrir par les animaux présents sur le site.
Cette communication a eu des conséquences au niveau des professionnels qui ont accepté de participer financièrement à la sauvegarde, et au niveau du public parmi lequel les acheteurs se sont faits de plus en plus nombreux. Cela s'est notamment ressenti au niveau du prix de vente des animaux qui s'est rapidement envolé : en 1999, Vanille, une ânesse pleine, s'est, paraît-il, vendue 160 000 F !
Aujourd'hui, il est courant d'entendre que le baudet est victime de son succès. En effet, ils sont achetés comme animal de compagnie et ne sont jamais mis à la reproduction. Les propriétaires, pourtant persuadés de participer au programme de sauvegarde, oublient parfois, que sans descendant, un âne est comme perdu pour la race.
Face au faible effectif au début du programme de sauvegarde, il était important de faire attention à gérer de façon rigoureuse le capital génétique présent. Il fallait tout d'abord amener de la variabilité génétique au sein du troupeau par le croisement continu d'absorption. Le lancement des recherches concernant l'insémination artificielle en semence congelée avait pour but de réagir face au problème de dispersion des animaux à travers l'Europe et les Etats-Unis. Cette technique n'est, malheureusement, pas au point. Elle paraît cependant essentielle au bon fonctionnement du plan d'accouplement mis en place en 2000 que nous allons présenter un peu plus bas.
Pour maîtriser la gestion de la population, il convient de connaître chaque animal, ses origines, ses caractéristiques, sa localisation et ses propriétaires, le moyen de l'identifier à coup sûr. Le travail de recensement et de reconnaissance du cheptel a été effectué en France et en Europe à partir de 1993 et aux Etats-Unis en 2000. Le moyen d'identification est aujourd'hui infalsifiable grâce à la puce électronique et les origines sont garanties avec le typage ADN.
Pour organiser, promouvoir et soutenir l'élevage du baudet du Poitou, de nombreuses structures sont présentes sur le berceau de race. Avec des activités différentes à la base, elles oeuvrent aujourd'hui en commun pour la sauvegarde du baudet. Citons :
- L'UPRA, anciennement syndicat des éleveurs mulassiers, gérant le livre généalogique,
- La SABAUD se penchant plus sur les aspects scientifiques,
- Le Parc Interrégional s'attachant au problème de croisement continu d'absorption et de communication,
- Les Haras Nationaux encourageant l'élevage par leurs primes et jouant notamment un rôle important dans le programme de croisement continu d'absorption,
- Le CREGENE soutenant les associations d'un point de vue financier, technique et scientifique.
En résumé:
Depuis 1977, de nombreuses actions ont été menées à
plusieurs niveaux pour sauvegarder le baudet du Poitou : |
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